L’ASSEMBLÉE DES OISEAUX
« Ils virent réunis des milliers de soleils plus resplendissants les uns que les autres ; des milliers de lunes et d’étoiles toutes également belles. Ici cent sphères sont un atome de poussière, ici peu importe que nous existions ou que nous cessions d’exister. »
Farid Al Din Attar
La conférence des oiseaux, Farid al-Din Attar
Ce conte nous emmène à la rencontre d’une peuplade d’oiseaux désunis et voyages extraordinaires. Une Huppe les persuade de l’existence d’un Roi mystérieux nommé Simorgh. Elle affirme qu’il est « le vrai Roi des Oiseaux ». Mais la route pour parvenir jusqu’à lui est semée d’épreuves. Seule cette folle traversée, cette quête de la source de la vie, aurait le pouvoir de les unir à nouveau, de donner un sens à leur communauté et à leur vie. Après avoir exprimé leurs peurs, leurs désaccords, leurs excuses et leur attachement à leurs habitudes, certains, vont finalement s’envoler ensemble.
Ils s’aventurent sur ce chemin tantôt merveilleux et tantôt terrifiant qui les engage à voyager en eux même, entre les mondes, vers l’universel. Tout au long de leur périple, la Huppe répondra à leurs interrogations par des contes énigmatiques dans lesquels se rencontrent plusieurs cultures. C’est ce « langage des oiseaux » où les mots n’existent pas pour eux même mais donnent sens à l’invisible. Stimulant sans cesse leur créativité et leur force d’âme la Huppe éveille en eux le désir d’aller plus loin. Enfin, pour dépasser les apparences il leur faudra voler avec l’envergure qui est la leur, ensemble, jusqu’au bout.
« Donne à l’oiseau secret qui niche dans ton cœur un désir d’espaces infinis. »
Farid Al Din Attar
Note d’intention
Un jour, pour le plaisir, nous lisions la Conférence des Oiseaux (Adaptation du poème par Jean Claude Carrière) et nous nous sommes senties reliées par ce texte puissant et mystérieux. C’était une expérience surprenante et inattendue où le langage du poète est devenu vivant et nous a guidé.
Nous avons eu envie de raconter le voyage de ces oiseaux pour partager cette émotion profonde que le poème révèle : La vie est un voyage intérieur, et solitaire qui paradoxalement réuni l’humanité entière.
Nous vivons dans un monde qui tourne de plus en plus le dos à l’autre et plus généralement aux valeurs universelles. Nos aspirations communes disparaissent dans des relations virtuelles, violentes, superficielles et individualistes.
Nous surconsommons tout, à un rythme effréné. Nous sommes dépassés. Nous sommes divisés. Existe-t-il un autre chemin ?
Oui, la poésie, et plus généralement l’art, nous permet de regarder ailleurs et curieusement d’agir dans ce monde.
Ce texte qui mêle librement tant de genres littéraires et de cultures est porté par le désir fou du poète, par son chant inattendu et lancinant.
Cette poésie mystique qui tente de dire l’indicible nous enseigne qu’aucune vérité ne peux être enfermée dans des dogmes. Ici la spiritualité et la connaissance expérimentale sont étonnamment assemblées. Cet appel au voyage collectif, devient de plus en plus vibrant, urgent, essentiel. Regarder l’amour, la mort, la peur, le savoir, et le courage de plus près, pour qu’apparaissent, comme dans un rêve collectif, l’âme humaine.
Nous créons ce spectacle avec l’intention de pouvoir le proposer dans n’importe quel espace, intérieur ou extérieur. Nous jouons avec différentes langues (Français, Arabe, Espagnol) et différents modes d’expression artistique (Théâtre, conte, danse, musique et chant) afin de se rapprocher de l’universalité du texte.
Audrey Tardy, Metteure en scène.
« L’âme et le corps unis, quel merveilleux ouvrage ! A l’âme le haut vol, au corps son épaisseur et ces pourrissements. Le pur et le pouilleux mariés firent de l’être humain un mystère étonnant. Explorer ce mystère ? Impossible aux perdus que peu ou prou nous sommes. Donc nous ne savons pas, nous n’avons jamais su quel est exactement ce secret désirable enfoui au plus profond de nos drôles de vies, et nous le cherchons que par folie d’espoir. »
Farid Al Din Attar
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